Le robot Oz : Laisser libre cours à son imagination
« Heureusement qu’on avait le robot à ce moment-là ! »
Le robot Oz est un petit robot guidé par GPS RTK commercialisé à plus de 200 exemplaires dans le monde par le constructeur Naïo Technologies. Avec un rayon d’action de quelques hectares maximum, ce robot est surtout connu pour sa diversité d’utilisations. En 2021, Gauthier Thevenon, un maraicher diversifié Français, décide d’investir dans ce robot pour l’aider à désherber son exploitation. Aujourd’hui, il nous partage son retour d’expérience après 1 saison et demie d’utilisation.
L’agriculteur et sa ferme
Nom : Gauthier Thevenon
Âge : 36 ans
Expérience : 13 ans d'expérience en tant que maraîcher
Localisation : France / Région Auvergne-Rhône-Alpes / Chambles
Exploitation : Depuis 2009 / 2,5 ha en conventionnel
Cultures : Tomates / courgettes / laitues / radis / carottes / poireaux / céleri...
Tracteurs : Kubota / Iseki
Bons et mauvais points
+ Plus précis que le tracteur ou en manuel
+ Entièrement autonome et facile à utiliser
+ Polyvalence, du semis au désherbage
+ Réactivité du service après-vente
- Problèmes liés aux composants électroniques
- Récolte ou repiquage
- Grand légumes à haute densité
- Nécessité d'une bonne réception GPS
Données techniques
Robot : OZ RTK / Naïo Technologies / 2021
Heures de fonctionnement : 6,5 ha
Poids : 150 kg
Energie : Batterie électrique / 8 heures d'autonomie / 8 heures de charge
Outils : Kit de désherbage / Kit de semis / Hak / Disques / Brosse de buttage
Caractéristique remarquable : Masses supplémentaire / Roues doubles
Prix brut : 17 500€ + forfait 3600€/ an (batteries + location GPS + service)
Quelle a été la principale raison de l'achat d'un robot autonome ? Comment as-tu entendu parler de cette technologie ?
Pendant des années, pour gérer la pression des adventives, j’utilisais un cultivateur à roues et une bineuse cercleuse électrique avec une batterie dans le dos. Ce travail était très physique et chronophage, je ne pourrais plus le faire. Pour me dégager du temps, j’avais le choix entre trouver un saisonnier ou investir un meilleur système de désherbage. Finalement, trouver de la main d’œuvre pour ce type de travail est très difficile et économiquement je ne pouvais pas me le permettre.
Il y a deux ans, j’ai contacté donc mon concessionnaire car pour trouver une solution et il m’a parlé de cette machine. J’étais assez sceptique au début donc j’ai regardé des vidéos avant de me rendre à une démonstration publique pas loin de chez moi. Après l’avoir testé sur mon exploitation, j’ai compris que c’était exactement la machine dont j’avais besoin.
Combien de temps a-t-il fallu pour s'habituer au robot ? Le fonctionnement ou l'interface sont-ils logiques ?
Comment s'est passé la mise en route? Qu'est-ce qui a bien marché et qu'est-ce qui n'a pas marché ?
Sachant que j’avais déjà testé sur mon exploitation, le robot s'est adapté très rapidement à l'exploitation et heureusement avec mon accident et la saison qui démarrait. Il a très vite rempli ses objectifs de désherbage et a même commencé à me servir pour d’autres tâches comme le semis ou l’ouverture des sillons.
En un an, il y a eu un bouton d’arrêt d’urgence défaillant, une carte électronique qui a grillé et des problèmes de réception GPS. Dans tous les cas, ces problèmes ont été rapidement réglés avec le référent technique, par téléphone ou sur place.
Comment le service et la maintenance sont-ils organisés ?
Le service et la maintenance sont gérés directement avec le constructeur. On paye un forfait de l’ordre de 1200 € qui comprend : le coût des divers abonnements, l’accès à une hotline, les mises à jour et aussi le service de cartographie.
Dans la majorité des cas, un échange téléphonique avec le référent Naïo suffit à résoudre mes problèmes. Lorsque la panne est physique, le référent technique vient sur place dans les deux jours pour venir remettre la machine en route.
As-tu dû changer la façon dont tu cultives tes légumes pour le robot ? Ou la façon dont tu gères ta ferme ?
Initialement, je cultivais mes légumes dans un système de planches avec le tracteur. Le sol était préparé par le tracteur et je plantais, semais et désherbais manuellement. Maintenant, même si le sol est toujours préparé avec le tracteur, j’ai changé ma façon de travailler le sol et c’est le robot qui ouvre les sillons, sème, butte et désherbe tout seul les légumes.
Travailler avec Oz m'a obligé à repenser ma plantation et à changer mon système de culture en planches pour un système en lignes. Pour les petites cultures, comme les carottes ou les radis, la suppression des passages de roues du tracteur m’a permis de gagner de l'espace. En revanche, pour les cultures plus grandes, comme les laitues, le robot ne peut travailler qu'entre les lignes. Je les maintiens donc dans une configuration en planches car cela prendrait trop de place si je devais laisser 70 cm entre chaque rangées de laitues.
Comment utilises-tu le robot ? Comment le robot a-t-il évolué depuis que tu as commencé à travailler avec lui ?
Le matin, je l'équipe avec les outils et je le programme pour qu’il aille à la parcelle. Ensuite, je choisis la carte, je règle ses outils et il est prêt à travailler 3 heures en autonomie à 1,8km/heure. Pendant ce temps, je fais autre chose sur la ferme. Quand il a fini ou s'il a un problème, il m'envoie un SMS donc je n’ai pas besoin le surveiller. Après, soit je change la parcelle ou l'outil, soit je le programme pour qu'il retourne tout seul dans sa chambre. Pendant la haute saison, le robot travaille 4 jours par semaine, 8 heures par jour, avant de se recharger pour la même durée.
Au début, le robot était uniquement chargé de désherber mes cultures, avec tous types d'outils. Après quelques mois, j'ai commencé à comprendre toutes les possibilités que cette machine offrait. Plus le robot travaille, plus je gagne du temps pour faire d'autres choses, et mon accident a accélérer le déploiement du robot sur d’autres activités.
Peux-tu dire quelle est la précision du robot ? Quelle est la qualité du travail effectué par le robot ?
Même si je prépare le sol au tracteur avec une herse rotative, les irrégularités du sol font que le robot peut manquer de stabilité, malgré les roues jumelées. Le constructeur indique une précision RTK de 1 à 2 cm, je dirais plutôt que Oz est précis à 3-4 centimètres. Mais le robot est beaucoup plus précis que ce que je faisais à la main ou au tracteur. Les semis et les sillons sont bien droits, le désherbage est meilleur car je peux passer plus tôt et plus régulièrement.
Comment imagines-tu l'évolution de ton robot dans les années à venir ?
Il y a deux tâches sur lesquelles j’aimerais que le robot progresse sur la récolte et la plantation. Même si le robot ouvre les sillons, je suis encore obligé de planter à la main. Pour la récolte, j’ai essayé une lame souleveuse pour m’aider à ramasser les céleris, mais c’est le seul légume sur lequel le robot m’aide. J’ai essayé une remorque trainée par le robot, pour m’aider à ramasser les légumes, mais ce n’était pas assez stable.
Quels conseils donnerais-tu à d'autres agriculteurs qui envisagent d'acheter un robot ?
Je pense qu’il est important d’avoir une exploitation d’un seul tenant et de préférence avec des chemins privés. Il faut tester la machine sur son exploitation pour vérifier que le robot fonctionne dans nos terres, sans trop de cailloux, et si la réception GPS est bonne. Si toutes ces conditions sont vérifiées, il faut se creuser la tête et adapter son exploitation pour déléguer le maximum de travail au robot.
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